Films à l'affiche

Ours d’or au festival international du film de Berlin 1957, Sidney Lumet signe avec 12 hommes en colère l’un des meilleurs réquisitoires contre la peine de mort. Un grand film de procès, magistralement interprété par Henry Fonda et l’ensemble des comédiens, où tension et suspens sont au rendez-vous.

Bugonia est une comédie féroce habitée par un mauvais esprit, qui apporte de l’air et un gaz hilarant dans ce qui pourrait sinon virer au drame irrespirable. Le film désaxe l’horreur de son propos tout en la soulignant jusqu’à un final insensé, d’une folle ambition et d’une absurdité jusqu’au-boutiste. Une flamboyante comédie sans espoir mais pas sans jubilation.

Le Polyester

Portée par un duo irrésistible, cette comédie mêle habilement nostalgie et modernité, et réussit à faire sourire tout en posant un regard lumineux sur l’évolution des mœurs. Un vrai moment de plaisir.

Dominik Moll ficelle bien son entreprise sous très haute tension, maîtrisant tant sa structure que sa mise en scène. Surtout, il tient cette intelligence de la confrontation des points de vue en laissant parler discours et contre-discours, plainte et défense, premier niveau de lecture évident et second niveau plus complexe.

Mondociné

Sensuel et lumineux, situé en plein été dans la magnificence des montagnes, le film explore le deuil, l’inclusion, la transmission. Il peint le portrait d’une famille marquée par le handicap, à la recherche de réconciliation et de sens, face à l’absence. La réalisatrice a choisi l’immersion, ne faisant aucune interview ni commentaires. Nous partageons le quotidien de cette famille, au sein duquel la parole émerge. Au-delà de la question de la surdité, et de sa gestion par les institutions, Elle entend pas la moto est un très beau film sur la communication.

Le film est une dérive douce, presque paisible, mais où plane une mélancolie diffuse. Quel plaisir procure pourtant cette balade intérieure, évoquant Nanni Moretti. Avec en fil rouge ce thème de la liberté, qui parcourt les livres de Goliarda Sapienza sur son expérience en prison. Elle y défend ce paradoxe selon lequel la captivité l’a recentrée sur elle-même et libérée de bien des choses, en lui permettant d’entretenir une solidarité et d’échapper à la violence du dehors - le “Fuori” du titre.

Télérama

Fabrice Éboué jubile à se saisir d’épineux sujets de société  pour les pousser à l’extrême. Après la chasse aux végans de Barbaque, il s’attaque dans ce docu-fiction désopilant aux communautarismes et intégrismes de tous poils en les mettant dos à dos, suggérant que les obsessions identitaires courtisent la pathologie. Il risque de ne pas se faire que des amis…
L’Etrange Festival

Jouant sur les lumières et sur les ombres, où chaque plan d’intérieur ressemble à un tableau des grands peintres flamands, le film est au service des personnages hugoliens qu’Eric Besnard met en scène dans des moments sublimes avec un Grégory Gadebois qui incarne Jean Valjean plus qu’il ne le joue.
Destimed

En distillant son propos politique dans une trame narrative limpide, Alexe Poukine propose une réflexion passionnante sur la place du corps, des émotions et la quête de contrôle dans une société toujours plus étouffante. Alternant séquences tantôt tendres, crues ou amusantes, son film finit par laisser éclater une incroyable puissance émotionnelle.
Trois Couleurs

Reconstitution passionnante du déroulé du chantier de la Grande Arche, le film dissèque également avec acuité les jeux d’influence et de pouvoir qui se nouent autour de ce projet pharaonique. Virant au thriller politique et financier, il livre aussi un portrait finalement touchant cet architecte hors norme, dans son intégrité butée et son ambition contrariée.
Abus de Ciné

Sous une ironie déchaînée et souvent hilarante, comme pour désamorcer les émotions les plus poignantes de cette dernière piste de la vie, le film dessine le trajet spirituel d’une personnalité hors normes, en quête de liberté, formidablement incarnée par Blanche Gardin ici dans son meilleur rôle au cinéma.
CinEuropa

Ce thriller échafaudé autour de l’archive parvient moins à dévoiler une situation en particulier — déjà bien documentée et racontée dans les médias — qu’à dénoncer, avec une force assez dévastatrice, un point d’aveuglement ou de surdité : les images, les sons et la mise en récit deviennent le théâtre d’une (ré)action impossible. À cet endroit, le film trouve, malgré ses faiblesses, sa raison d’être.
Critikat

Inspiré d’une affaire qui défraya la chronique dans les années 90, le film progresse, dans une mise en scène simple et efficace, vers un dénouement à suspense, emmené par un formidable groupe de comédiennes, Lyna Khoudri en tête. Déterminisme social ou appât du gain, le film peut sembler avoir choisi son camp, mais laisse tout de même planer une ambiguïté qui le rend passionnant.
Sens Critique

Après Le Caire confidentiel et La Conspiration du Caire, Tarik Saleh termine ici sa trilogie du Caire en poursuivant sa critique du pouvoir égyptien, tant politique que religieux. Il balance entre la chronique dramatique, le thriller politique et la farce comique acide et pamphlétaire où la dictature militaire est représentée comme un théâtre d'ombres, un décor de cinéma.

Beauté des plans de nuit où les brasiers allument des flammèches dans les yeux des militants, ampleur des scènes de foule et élégante dialectique du combat dans les disputes du couple : d’une caméra alerte, mais jamais intrusive, le réalisateur scrute les étincelles qui pourraient faire basculer son récit d’un côté ou de l’autre : lumière ou noirceur. Virginie Efira et Arieh Worthalter y sont d’une force et d’une évidence inouïes.
Bande à Part

Ambrosioni filme avec talent les zones grises des relations familiales : la colère et la tendresse, l’absence et la reconstruction. Son écriture, précise et sensible, esquisse des émotions profondes sans jamais les forcer et le film  avance à pas feutrés, préférant la pudeur au mélodrame, l’observation à la leçon de vie.

Le Bleu du Miroir

Huston (qui s’est lui-même essayé à la peinture avant de se consacrer au cinéma) a su brillamment saisir l'essence de cet artiste, mêlant génie créatif et mélancolie. Comparé à ses autres œuvres, comme Le Faucon maltais, Moulin Rouge offre une introspection plus profonde, mettant en lumière les sacrifices de l'artiste pour son art. Le film ajoute une dimension émotionnelle et artistique qui enrichit la filmographie de Huston, résonnant avec son exploration des luttes humaines.

AFCAE

On vous croit concentre son attention sur l’essentiel : accueillir une parole inconfortable mais primordiale pour comprendre les problématiques liées aux mères protectrices et aux situations d’abus sexuel. Servi par l’interprétation extraordinaire de Myriem Akheddiou, il use de tout le pouvoir d’incarnation et d’identification de la fiction pour offrir une expérience transformatrice.
CinEuropa

Une vraie pépite vient conclure ce mini-cycle de 3 films réalisés entre 1951 et 1953, période charnière dans la carrière et la vie de Huston, puisqu'il quitte le système des Studios hollywoodiens pour venir réaliser en Europe des films qu'il co-produit en indépendant. 

Plus fort que le diable, avec son mélange des genres, ses ruptures de ton et l’usage inattendu de ses stars totalement à contre-emploi, finit de prouver qu’il est un cinéaste inclassable, anticonformiste et génial.

Chef-d’œuvre du cinéma d'aventure signé John Huston, maître du genre, The African Queen est si bien construit qu'on s'y laisse porter comme sur les flots de l'Ulanga... Voir et revoir le film est un plaisir, non seulement répété, mais sans cesse plus grand. La beauté des plans en Technicolor, avec ces couleurs émeraude, or et bleu, la touffeur palpable des bords de la rivière, l'étouffante puanteur du marais qui précède le lac, l'air qui souffle enfin sur ce dernier, ajouté à une musique entraînante à souhait et porté par un couple de cinéma de légende : tout cela fait de The African Queen un pur régal !

Plutôt que le thriller dramatique attendu, le nouveau Rebecca Zlotowski est une savoureuse fantaisie sur la psyché de cette thérapeute chamboulée s’improvisant enquêtrice. Jodie Foster (pour la première fois dans un grand rôle tout en français) étincelle avec cette partition dans ce Cluedo intime, des plus ludiques.

Télérama